Vidéo réalisée par ArchAnge films pour le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke
Informateur : Pierre Richard, professeur émérite, Université de Montréal
Date : Juin 2015
Lieu : Parc Lafontaine, Montréal
Durée : 2:47
Pierre Richard nous explique le travail de palynologue et la contribution de cette science dans la reconstruction de l’histoire du peuplement des Cantons-de-l’Est.
Apparaît l’image d’un homme mûr, barbu, debout dans un parc.
[ Pierre Richard ] Bonjour. Je m’appelle Pierre Richard et je suis palynologue, c’est-à-dire un spécialiste du pollen. Je prélève la boue accumulée au fond des lacs à l’aide de longs tubes de métal. J’obtiens ainsi des archives naturelles et continues couvrant des millénaires. J’extrais les minuscules grains de pollen qui se sont préservés dans les sédiments. Je les examine au microscope et je détermine les espèces de plantes qui ont produit le pollen dans le passé. Ça me permet de reconstituer l’histoire de la végétation depuis le retrait des glaces jusqu’à nos jours. Et comme la végétation est en équilibre avec le climat, j’obtiens aussi une histoire du climat.
Apparaît les mots : Des questions.
[ P. R. ] Le climat et la végétation comptent pour beaucoup dans l’habitabilité d’un lieu. Quel était le climat lors des occupations anciennes? Chaud? Froid? Neigeux? Sec ? Quel était le niveau des lacs? C’est essentiel pour établir des campements. Quel était le débit des rivières? C’est majeur quand on arrive en canot. Y avait-il beaucoup de feux de forêt? Quelles étaient les plantes disponibles pour se nourrir, se soigner, pour s’abriter et fabriquer les objets de tous les jours?
Apparaît les mots : Des réponses.
[ P. R. ] Il y a 12 000 ans, quand les premiers chasseurs se sont aventurés au Méganticois, les glaces étaient parties depuis près de 1 500 ans. Le front glaciaire occupait alors les Basses-Laurentides et la mer de Champlain inondait la Laurentie depuis 1 000 ans. Au Méganticois, ce sont des buissons comme le bouleau glanduleux et les saules qui couvraient alors la vallée, mais sur les plateaux, c’était une toundra rocailleuse. C’était un environnement froid et venteux, pauvre en ressources végétales, sans arbres, mais c’était propice aux caribous. Le lac Mégantic était alors beaucoup plus bas qu’aujourd’hui et le lac des Joncs n’existait pas encore.
Apparaît les mots : Une anecdote.
[ P. R. ] Ça s’est passé en Gaspésie, il y a une quarantaine d’années. On étudiait l’altitude que la mer avait atteinte lors de la déglaciation. On cherchait des indices d’anciens rivages perchés. Un paysan nous a demandé ce que nous faisions sur ses terres. Il a patiemment écouté nos explications avec un sourire aux lèvres. Puis, il nous a indiqué un endroit au flanc du versant en déclarant, péremptoirement : « La mer est montée jusque-là ». Quand on lui a demandé pourquoi il en était si sûr, il a dit : « Les coquilles de moules, ça ne vole pas! ». Comme quoi faire parler des fossiles n’est pas l’apanage des scientifiques, il suffit d’observer!