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Vidéo réalisée par ArchAnge films pour le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke
Informateur : François Courchesne, Vice-Doyen, Université de Montréal
Date : Juin 2015
Lieu : Université de Montréal
Durée : 2:39

Un expert, François Courchesne, explique les deux principales contributions de l’étude des sols à la recherche archéologique.

Apparaît une image en gros plan d’un homme dans un local, devant des fenêtres.

[ François Courchesne ] Bonjour, mon nom est François Courchesne, je suis un professeur dans le domaine de la science des sols à l’Université de Montréal au département de géographie. La science des sols s’intéresse à la genèse, c’est-à-dire la formation des sols, à la chimie des sols, leurs propriétés et à la minéralogie des sols, la nature des cristaux qui les forment.

Apparaît le texte : Lien entre géologie et archéologie.

[ F.C. ] La contribution de la pédologie à l’archéologie se déploie dans deux champs distincts, celui des connaissances des pédoturbations, c’est-à-dire les perturbations physiques qui ont une influence sur les profils de sol et, deuxièmement, l’optimisation de la localisation des sites de fouilles archéologiques les plus prometteurs, les sites qui vont porter des artéfacts. Pour ce qui est des pédoturbations, ce sont des changements physiques qui s’opèrent dans le sol et qui sont dus aux plantes, aux animaux, au gel dégel, alors que l’optimisation de la localisation des sites se fait en déterminant des propriétés de sol, par exemple le contenu en phosphore, qui permettent de cibler les sites les plus prometteurs, les plus porteurs d’artéfacts.

Apparaît les mots : Un exemple concret.

[ F.C. ] Au site Cliche-Rancourt, la question principale qui était posée aux pédologues était celle de savoir pourquoi les artéfacts se retrouvent en profondeur dans le profil plutôt qu’à la surface, là où ils sont déposés. Le site est vieux de plus de 12 000 ans et au cours de cette période, une série de mécanismes ont eu des conséquences physiques sur les profils. Un de ces mécanismes est l’action du gel, ou plutôt des cycles gel-dégel qui forment des coins de glace qui fondent par la suite; les particules vont alors se déplacer verticalement vers le bas, dans le profil. Deuxièmement, c’est une action qui est plus récente, la végétation est soumise aux vents et crée ce qu’on appelle des chablis, des renversements d’arbres, et ces renversements-là, vous le comprendrez bien, bousculent les particules et déplacent les particules dans le profil. La démonstration de ces deux mécanismes de perturbation des sols a permis d’aider les archéologues dans l’interprétation de leurs découvertes.

Apparaît les mots : Une anecdote.

[ F.C. ] Une courte anecdote qui illustre la contribution de la science des sols à l’archéologie date d’il y a plusieurs années alors que nous avions un groupe de pédologues venus rencontrer des archéologues qui faisaient une fouille sur un site sur le bord du Saint-Laurent. Le site portait une surface noire qu’ils interprétaient, les archéologues, comme une couche d’occupation, mais qui, en fait, était clairement un horizon naturel de sol qui s’était formé au fil des années et qui avait toutes les propriétés apparentes visuelles d’une couche d’occupation, mais qui n’en était pas. Les archéologues ont pris connaissance de cette information-là et, depuis, on ne cesse d’entendre le fait que les archéologues auraient tout intérêt à apprendre un peu mieux la formation des sols et à avoir une connaissance en pédologie qui permet de guider la recherche de façon plus adéquate.