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Vidéo réalisée par ArchAnge films pour le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke
Informateur : Claude Chapdelaine, professeur émérite, Université de Montréal
Date : septembre 2018
Lieu : Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke
Durée : 3:52

L’archéologue Claude Chapdelaine nous présente des méthodes utilisées pour analyser, décrire et interpréter les artéfacts archéologiques.

Apparaît le texte : DÉMARCHE SCIENTIFIQUE - L’ANALYSE.

Claude Chapdelaine est debout devant les vitrines archéologiques du MNS2 et nous parle.

Apparaît à l’écran du texte : Claude Chapdelaine, archéologue, Département d’anthropologie, Université de Montréal

[ Claude Chapdelaine ] L’analyse est une étape, dans la démarche archéologique, qui peut être très exigeante. Elle demande d’abord de décrire les objets. Pour ce faire, il faut choisir les bonnes variables pour bien décrire la forme et le format et, par la suite, il faut développer des hypothèses. Pour ces hypothèses, on procède généralement par comparaison avec d’autres assemblages. Très souvent, on dit que lorsqu’on fouille un mois, ça prend tout le reste de l’année pour analyser, décrire et interpréter, avec différentes méthodes, le document ou les archives archéologiques que l’on a mis au jour.

Apparaît le texte : DÉMARCHE SCIENTIFIQUE - Ethnoarchéologie.

[ C.C. ] Une des méthodes que l’on privilégie en archéologie pour décrire de façon plus détaillée les vestiges est soit l’ethnoarchéologie ou l’ethnohistoire. C’est un cadre de référence qui permet de comparer des objets que l’on trouve avec des données soit historiques, soit glanées au fil des expériences avec des populations qui ont un bagage culturel et qui occupaient un environnement comparable à celui qu’on étudie, dans ce cas-ci le peuplement initial des Cantons-de-l’Est.

Apparaît une photo noir et blanc d’une famille inuit (une femme avec un porte-bébé et un bébé dans le dos, un jeune garçon et le père) assise sur un tronc d’arbre. La femme coud et l’homme semble tailler du bois.

[ C.C. ] Un cas particulier, c’est celui des Inuits qui vivaient et qui vivent encore dans l’Arctique, donc dans un environnement très froid.

Retour au visuel de Claude Chapdelaine.

[ C.C. ] Les Paléoindiens qui ont occupé les Cantons-de-l’Est occupaient aussi un territoire qui venait juste d’être déglacé. Le glacier se trouvait au nord du fleuve Saint-Laurent, mais le climat était très froid. On peut faire des parallèles entre le mode de vie des Inuits et celui des Paléoindiens, toujours en retenant qu’il y a des différences et que ce n’est pas une recette qu’il faut appliquer. Les Inuits, par exemple, vivaient sur le bord d’une mer alors que les Paléoindiens, dans les Cantons-de-l’Est, vivaient à l’intérieur des terres. On peut penser que les Inuits chassaient le caribou et le phoque. À l’intérieur des terres, on chassait aussi le caribou et une faune plus diversifiée, mais il n’y avait, bien sûr, aucun phoque à chasser dans les Cantons-de-l’Est.

Apparaît le texte : DÉMARCHE SCIENTIFIQUE - Archéologie expérimentale.

[ C.C. ] L’interprétation est une approche qui évolue en archéologie; il y a de nouvelles méthodes, on ne peut rien contre la technologie. Une des méthodes s’appelle la tracéologie, donc l’étude des traces. L’archéologue a besoin d’un microscope spécial, il peut grossir quatre cents fois la partie de l’objet qu’il veut essayer de comprendre. La tracéologie est une de ces approches que l’on peut appliquer à notre matériel. Sur le site Kruger 2, à Brompton, on a trouvé à peu près 75 forets.

Apparaît une succession de trois photos présentant respectivement 7, 11 et 6 forets ou fragments de forets, c’est-à-dire des roches taillées, longues et pointues.

[ C.C. ] L’analyse tracéologique n’a pas été faite, mais ces 75 forets constituent un assemblage très important, un nombre un peu extrême comparé à d’autres sites de cette même période où il y a cinq ou dix forets.

Retour au visuel de Claude Chapdelaine.

[ C.C. ] Donc, la tracéologie pourrait nous permettre de vérifier si tous ces forets ont été utilisés pour une même tâche, à savoir perforer des trous dans le bois d’andouiller, dans le bois ou dans la corne. Peut-être que ces longues mèches de pierre avaient d'autres fonctions que nous pourrons découvrir avec la tracéologie. Cette technique pourrait nous en apprendre d’avantage et nous sortir de l’interprétation traditionnelle qu’un foret est fait pour forer.